Cette semaine en SAQ #14

Certains cépages sont considérés comme synonymes d’une région. Pensons gamay et Beaujolais, nebbiolo et Piémont et pourquoi pas pinot noir et Bourgogne.

Heureusement pour les buveurs avertis que nous sommes, le monde est de moins en moins tributaire de ces généralités vineuses et c’est pourquoi quelques pieds de vignes espagnols (venant de l'Uruguay...) transportés vers l’Afrique du Sud il y a quelques années, apportent maintenant la capacité de produire de l’albariño nouveau genre dans le pays.

C’est à Robertson que se fait l’expérience. Seconde région en importance pour la vigne en Afrique du Sud et plus connue pour ses magnifiques chardonnays qui font des méthodes traditionnelles là-bas connues comme MCC.

La famille Bruwers, nom huguenot s’il en est un, touche de la bulle, mais se plait aussi à nous proposer un albariño élevé en cuves d’inox avec une centaine de jours sur les lies. Au final, un vin un peu plus riche que ce qu’on pourrait trouver en Espagne, avec fruits à noyaux, mais tout de même la minéralité caractéristique du cépage.

Un vin étonnant qu’on se surprendra à intellectualiser entre amis.

• Pour l’accompagner : Salade de tomates jaunes avec feta,
• Pour l’anecdote : C’est uniquement le second albariño produit en Afrique du sud, le premier étant à l’initiative de Gordon Newton Johnson de la maison éponyme.
• Pour mieux comprendre les vins d'Afrique du Sud, on suivra l'atelier sur la chose à l’automne 24.
• Tant qu’à oser l’albariño on tente l’opposé en termes de flaveurs avec un alvarhino du Portugal, Solos de Xisto 2021, Aveleda 25$ en saq (15091072)

Si vous êtes amateurs de grands vins de Bourgogne, vous reconnaîtrez le nom Saouma comme étant le duo derrière le micro-négoce Lucien Le Moine. Le domaine ne produit que quelque trente mille bouteilles de Grands et Premiers Crus de la Côte-d'Or, chacune vous laissant plus allégé de quelques centaines de dollars, lorsque vous avez la chance d’en trouver…

Fort de cette expérience et désireux de posséder le sol, car comme le disait Mark Twain ‘Achetez de la terre, on n’en fabrique plus…’ ils se trouvent en 2011 un superbe lopin à Orange en Châteauneuf-du-Pape. De là, on replantera sur un sol pauvre et difficile pour la vigne, 11 variétés toutes plus torturées les unes que les autres.

L’aboutissement sera pour ce Côtes-du-Rhône-Villages blanc, un assemblage de grenache (70%), roussanne, marsanne et clairette élevés en barriques de 500L et en cuve de béton pour 16 mois. Le vin sera laissé en dormance pendant cette période sans remontage, ni bâtonnage avec un élevage sur lies prolongé. 

L’intensité du nez rappellera celui de Cyrano tant il est évident d’agrumes et de floral. La bouche est structurée, anisée et longue tout en demeurant fraîche. 

2020 était un excellent millésime pour la région avec un été modéré (contrairement à 19) et une vendange plus précoce que coutume. Les blancs sont bien concentrés tout en gardant une acidité naturelle qui leur permettra la garde.

Un blanc d’exception comme le sont parfois les grands grenaches de sols pauvres. 

Vous aurez vite fait d’oublier l’investissement et si vous aimez le style, l’aventure Saouma pourra débuter.

• Pour l’accompagner : Pétoncles poêlés avec une purée de légume racine et un soupçon d’huile d’olive de qualité,
• Pour l’anecdote : Mounir Saouma est reconnu pour son usage (exagéré?) des levures indigènes. Sa prétention est que les anciens faisaient du vin avec un élevage prolongé sur les lies, ce qui éduquait et exposait le vin à l’air et au temps. Son style peut donc paraître particulier pour certains.
• Pour mieux comprendre les variations du grenache: On attend impatiemment la programmation de nos apéros cépages,
• Et pourquoi pas une paire Inopia pour explorer la maison. Inopia en rouge 2020, aussi à 39$ en saq (14996380)

De par ses relations incestueuses entre la religion et le pouvoir, l’histoire de l’Espagne est aussi troublante que fascinante. Ainsi, au Moyen Âge, si vous aviez une quelconque aspiration de vivre au-delà de trente ans, intégrer un ordre monastique était un choix de carrière tout indiqué.

S'ensuivait donc l’implantation de monastères un peu partout pour répandre la foi et repousser le Maure encore présent sur la péninsule. C’est dans cette logique que la Cajuta de Scala Dei fut fondée en 1194. Au rythme de l’Espagne catholique, franquiste et ultimement européenne, la vocation viticole du domaine marquera l’évolution du Priorat pour en faire aujourd’hui une région prisée par les amateurs de grands rouges à base de grenache.

Avant les Palacio, Perez et Barbier qui mirent la région sur les cartes de vins dans les années ’80, Scala Dei produisait déjà ces grenaches de caractère sur les sols de licorella (ardoise). Aujourd'hui rénové et propriété du groupe Codorniu, on s’efforce de maintenir la tradition viticole en adoptant, tranquillement, une certaine modernité grâce aux bons soins de Ricard Rofes qui officie sur les 70 hectares de la maison.

Ce vin d’entrée de gamme de la maison met donc de l’avant une intensité qui nous est moins commune tant par sa mâche que par son taux d’alcool. Heureusement, le terroir s’exprime et les notes florales et minérales rendent la bouche agréable et longue.

Un tribut abordable au terroir de la région et à l’histoire de la maison.

• Pour l’accompagner : On sortira la bavette de veau marinée et grillée sur le bbq,
• Pour l’anecdote : On pourrait s’attendre à ce que l’escalier de dieu menant à la chartreuse soit une route longue et tortueuse... Malheureusement pour les grimpeurs ce ne sont que 283 marches qui sont à escalader, soit un peu moins que celles de l’Oratoire St-Joseph…
• Pour mieux comprendre les variations du grenache: On attend impatiemment la programmation de nos apéros cépages,
• La géométrie du cercle vous passionne autant que la rondeur du grenache, on vous recommande le Priorat doca ‘2 Pi R’ 2021, Gratavinum 37$ en saq surtout celle de Fabreville… (11307163)